Voici les 4 premiers épisodes de mon roman-feuilleton « Les Mystères de la Réunion », qui est une réécriture de Mystères de Paris d’Eugnène Sue.
I – « La jeune fille sur la terrasse »
Le 13 décembre 2024, alors que la police réunionnaise s’empare de plusieurs cas sur l’île, l’inspecteur Payet doit enquêter sur un dossier assez spécial suite à la découverte d’un corps sans vie dans la mer, vers les rochers de l’Étang salé. Les premiers soupçons se tournent vers une famille créole — comme par hasard — qui habite juste en face de ces fameux rochers qui abritent le cadavre, ce dernier étant d’ailleurs dans un piteux état. La police ne peut pas identifier le corps car il a absorbé trop d’eau, le rendant défiguré. L’inspecteur Payet toqua chez cette famille qui habitait dans une vieille kaze créole.
— Bonjour, en quoi puis-je vous aider monsieur?
Une dame d’une cinquantaine d’années lui ouvrit la porte, l’air un peu inquiet.
— Bonjour madame, nous sommes venus vous poser quelques questions suite à la découverte d’une personne morte juste devant votre maison, revenue avec les vagues probablement.
Elle les invita à l’intérieur, l’inspecteur examina les lieux et plus particulièrement la terrasse, qui donnait directement sur la mer. Il remarqua d’ailleurs une jeune femme qui était assise en train de lire. La police s’installa à la table et expliqua la situation. La dame répondit :
— Donc, vous dites que le cadavre est mort depuis une semaine. Écoutez, nous on a toujours été là, je n’ai jamais rien vu de tel, nous sommes toujours dans nos baskets, pas à côté. Je ne comprends pas pourquoi vous pouvez suspecter une famille comme nous. On fait toujours ce qu’il faut, on vous aurait prévenu si on savait quelque chose.
Une des inspectrices créoles, qui était au côté de Payet, lui fit un sourire pour détendre la dame qui semblait s’agiter. Payet, quant à lui, restait imperturbable, il était du genre à mépriser les locaux, qui vivaient dans ces pauvres demeures, abîmées par le temps. Il reprit alors l’interrogatoire avec des questions plus précises sur le jour du décès. Il mettait pour le moment de côté la piste de l’accident car il n’y avait ni découverte de bateau ou d’appareils nautiques, et il attends de retrouver l’identité du corps avant de soupçonner un suicide. Alors que l’interrogatoire ne donne rien, Payet décide de regarder sur la terrasse et demanda :
— Est ce que ce serait possible d’interroger votre fille?
— Monsieur, elle n’a rien à voir avec ça, c’est une petite très naïve, elle a son nez fourré dans ses bouquins, elle ne vous dira rien de bien plus intéressant au sujet de l’enquête.
— Permettez moi tout de même de l’interroger, peut-être nous pourrions avoir des pistes.
La mère finit par accepter. La jeune fille était plutôt timide au départ puis elle prenait confiance et répondait avec assurance aux questions. Rien ne semblait donner des pistes à l’inspecteur qui commençait à s’impatienter. Il finit par clôturer la discussion en se levant. La jeune fille, se levant à son tour, lança :
— Oh vous savez, c’est courant ça, ce gars a dû nager trop loin pendant la houle, y en a souvent qui viennent nager là alors que c’est une zone interdite.
Les inspecteurs hochèrent la tête et commençèrent à sortir de la maison. Mais Payet s’arrêta net quelques instants, se retourna, et demanda :
— Comment savez vous que c’est un homme que nous avons retrouvé? Je suis certain de ne pas l’avoir précisé.
La jeune femme haussa les sourcils et finit par bafouiller une réponse qui laissa soudain l’inspecteur épris de doutes. Le soir même, la mère se rappela que le 6 décembre — soit une semaine avant la découverte du corps —, sa fille était allée dormir chez une amie et elles étaient allées se balader vers la mer. Quand elle demanda à sa fille si elle l’avait mentionné à la police, cette dernière lui dit que non, sans d’autres explications. Le lendemain, la mère décida alors de contacter la mère de cette “amie” chez qui elle était allée. Quand le téléphone décrocha, elle entendit :
— Attends, je te rappelle, la police est à la maison, ma fille ma pauvre fille, elle est accusée de meurtre !
Puis cette dernière raccrocha hâtivement. Un malaise s’installa sur ce bord de mer de l’Étang Salé.
II – « Balade en mer »
La kaze était vraiment en bord de mer, les rochers semblaient venir de plus en plus près à chaque vague. A cette période de l’année, il faisait chaud sur l’île. L’île aux mystères.
Suite à l’appel inquiétant entre ces deux mères, nous apprenons par la suite que “l’amie” en question avait été retrouvée sur les lieux balisés pour l’inspection. Ils l’ont trouvé en train d’escalader les barrières à la tombée de la nuit. Elle a donc été interpellée comme suspecte. Cela semble plutôt évident qu’elle a un lien avec le cas.
Dans la salle d’interrogatoire, quelques heures plus tôt :
— Non, je vous jure, je ne savais pas ce qu’il y avait, je n’ai jamais été vraiment vigilante, je voulais simplement tremper mes pieds dans l’eau… Désolé, désolé…
La jeune fille s’excusait en permanence. Elle avait même fait une crise de panique en entrant en cellule provisoire. Elle s’inquiétait tellement, son frère était déjà en prison suite à une altercation avec la police, elle ne voulait pas causer d’autres ennuis. Mais, ses explications étaient tordues, tout faisait penser qu’on ne devait pas la croire. L’inspecteur Payet était certain qu’il ne fallait pas l’éloigner de la piste principale. Surtout que son frère était déjà incarcéré, pas étonnant pour une famille dangereuse.
Ce n’est que quelques jours après, on finissait par trouver l’identité du cadavre après des recherches médicales. Nous découvrons alors que c’est un marin de 38 ans qui conduit son bateau tous les jours pour la société Baleinona, c’est un célibataire divorcé, père français et mère créole. Suite à d’autres interrogatoires, l’inspecteur n’arriva à faire aucun lien entre ces deux jeunes filles suspectes et cet homme, Manu, retrouvé mort. Il n’y avait aucune piste et aucune preuve… Étrange, n’est ce pas?
Après n’avoir rien trouvé chez lui, la police décida alors de se renseigner auprès du travail de Manu, s’ils pouvaient trouver des indices plus pertinents pour expliquer cette mort. Elle interrogea alors le directeur de Baleinona — société qui propose des balades en mer au cœur des baleines de l’océan indien —.
— C’est très bizarre ce que vous me racontez, je ne vois pas ce qu’il ferait à cet endroit, il habite vers Saint Gilles donc là où vous avez retrouvé le corps, ce n’est pas un endroit où il passe habituellement. Puis il était malade depuis une semaine, je comprends pas pourquoi vous me dites que vous avez retrouvé un corps qui datait d’une semaine, non non, il envoyait des messages à ses collègues, demandez leur.
L’inspecteur Payet prit à part chacun des collègues.
— Il m’a envoyé un message comme quoi il avait une urgence juste après une balade, affirma l’un d’eux.
— C’était le combien ?
— Le 6 décembre.
— Il est reparti avec le bateau?
— Oui, il est reparti juste après la balade, puis ce message. On ne s’est pas inquiété sur le moment puis il nous a dit que finalement c’était réglé. Puis il a remis son bateau dans la nuit.
— Laquelle de nuit, soyez précis, s’impatienta Payet.
— Ben la nuit du 6 au 7.
— Le bateau était de nouveau sur le port le 7 au matin ?
— Oui oui, à 6h.
Un autre collègue :
— Regardez, là il m’a dit le 7 décembre qu’il ne viendrait pas au boulot parce qu’il avait de la fièvre.
Un autre encore :
— Il m’a écrit le 10 décembre comme quoi il était allé chez le médecin et il devait rester chez lui et ne voir personne. J’étais pas très proche de lui de toute façon, je ne suis pas allé le voir…. C’était un homme seul vous savez, il avait rien ni personne lui.
Enfin, la stagiaire, nouvelle dans l’équipe, avait été interrogée. L’inspecteur Payet avait des pistes, il était concentré, et en avait rien à faire de la stagiaire mais devait tout de même avoir son témoignage. Il n’était plus très attentif quand la jeune femme avoua :
— J’ai vu une fille sur le bateau avec lui ce jour-là.
— Quoi? Quelle fille? Le 6?
L’inspecteur Payet avait les yeux qui s’écarquillaient. Elle répondit :
— Oui oui, juste après la balade, il y a une participante qui est restée et je les ai vu discuter dans son bateau, mais de loin hein, j’ai pensé que c’était peut être sa copine, je crois qu’ils s’engueulaient…
L’inspecteur Payet était soudainement à la recherche de cette fameuse fille, qui pouvait être la clé de tout.
III – « Tâche de sang »
Dans les rues de l’Étang Salé, on ne trouvait plus un chat, les habitants étaient terrorisés depuis la découverte de ce corps. Suite à la révélation de la stagiaire de Baleinona, l’inspecteur Payet demanda la liste des passagers de la balade en mer du 6 décembre. Aucun nom de femmes n’avait des antécédents avec la police. Aucun nom ne laissaient penser qu’elles avaient un problème avec Manu. Pour retrouver la fameuse fille avec qui il discutait, ils voulaient déjà trouver une photo ou une image qui pourrait les aider. Un des collègues de Manu était venu les voir en déclamant :
— Il y a des photos de groupe pour chaque balade en mer, vous pourrez peut-être la retrouver.
Ainsi, ils demandèrent et montrèrent la photo du 6 décembre à la stagiaire afin qu’elle puisse reconnaître le visage de la fille qu’elle avait vu dans le bateau. Ils passèrent ensemble en revue chaque visage. Tous portaient en eux la trace d’une criminelle. Ou peut-être de la victime… En tout cas, il n’y avait pas la trace d’une des deux jeunes filles du début de l’enquête. Finalement, la stagiaire avait été mal à l’aise et elle affirma qu’elle ne reconnaissait aucun visage car elle n’avait pas bien pu distinguer l’intérieur du bateau. On lui demandait au moins un portrait robot mais rien ne lui revenait, pas même les cheveux — élément plutôt facile à distinguer —. Elle confirmait qu’elle n’avait pas bien vu les gens sur le bateau et qu’elle ne participait pas aux balades en mer de toute façon.
Il fallait trouver des preuves, alors l’inspecteur Payet demanda à visiter le bateau de Manu. Il voulait y mener ses inspections avec l’équipe de police. Ils balisèrent ainsi tout le territoire. L’inspecteur n’était pas du genre à mettre les mains à la pâte. Alors il regardait juste les choses se faire. Et il commentait.
— Je pense que les deux petites ont quelque chose à voir avec cette histoire. Elles sont mesquines les petites créoles il faut s’en méfier. Elles sont pauvres en plus.
L’inspectrice qui l’accompagnait se taisait toujours, ayant été elle-même une “petite créole”.
— Ce que je comprends pas c’est les messages envoyés par Manu, alors même qu’il était décédé. Qui a bien pu prendre son téléphone ? Il est intraçable, comme s’il n’existait plus. C’est ces filles qui l’ont pris? Elles l’ont tué penses tu? Ce pauvre Manu qui n’a rien demandé.
L’inspectrice menait ses propres recherches de son côté sans informer Payet. Il était trop hautain, avec elle et avec tout le monde. Puis si peu compétent. L’inspectrice sortit du bateau, où des chercheurs étaient venus prélever les différentes surfaces, afin de répondre à un appel.
Soudain, un des chercheurs en blouse blanche s’exclama :
— J’ai trouvé une tâche de sang sur un côté d’un meuble de la cuisine ! La tâche doit maintenant dater de moins de deux semaines au vu de la couleur.
L’inspecteur Payet n’en croyait pas ses oreilles : ils avaient une vraie piste ! A qui était ce sang? A Manu probablement !! Moins de deux semaines, tout coïncidait !
Alors qu’il allait l’annoncer à sa collègue, elle avait disparu. Il reçut sur son téléphone le message suivant :
Inspectrice Magalie (La créole) : “J’ai la preuve que la stagiaire était présente sur le bateau, j’ai trouvé la story d’un des passagers de la balade du 6 décembre, c’est d’ailleurs elle qui a prit la photo de groupe, je te joins les story. Elle me semblait suspecte.”.
IV – « Emilia »
Le bateau était blanc et bleu, sur le devant, on y trouvait les inscriptions “Bal Aine”. Il faisait chaud. Des touristes en short passaient à côté du port où l’on menait l’enquête. Après une analyse poussée du sang retrouvé dans le bateau, on envoyait les résultats à Payet. Mais à sa grande surprise, le sang n’appartenait pas à Manu, mais à une jeune femme, nommée Emilia, qui était d’ailleurs présente pendant la balade en mer du 6 décembre. Emilia a 26 ans et est une activiste écologique qui travaille dans une association qui s’oppose aux société tels que Baleinona car elle estime qu’elles sont dangereuses pour la faune aquatique et plus particulièrement pour les baleines dû à la proximité des hommes. Ils vont ainsi se rendre directement au domicile de celle-ci pour l’arrêter pour meurtre et pour procéder un interrogatoire. Dans celui-ci, elle racontera tout. Tout depuis le début.
Emilia a donc participé à une balade organisée par Baleinona afin de rencontrer l’un des capitaines qui travaillaient avec cette société. Elle voulait en savoir plus sur les conditions de cette pratique et le point de vue du marin. Alors, après la balade, elle a souhaité parler avec Manu, dans son bateau, lorsque tous les autres sont partis vers le bâtiment qui abritait la boutique. Elle a d’abord engagé une discussion assez amicale avec lui pour détendre l’atmosphère. Sauf que celui-ci a commencé à voir cela comme de la drague et a fait des avances à la jeune femme. Afin qu’il continue de répondre aux questions, elle ne le repoussai pas, elle voulait surtout des réponses. Au final, elle voulait lui faire comprendre que la pratique qu’il mettait en place en travaillant était vraiment malsaine et surtout nocive pour l’espèce des baleines. Vexé, il avait commencé à être violent et il l’avait repoussé, elle s’était fortement cogné contre un placard, ce qui l’avait ouverte et avait laissé une petite tâche de sang. Il commençait à vouloir l’attraper, de son côté, prise de panique, elle lui avait mis des coups dans le ventre. Le corps de Manu avait alors basculé en arrière, il était tombé sur le sol, le crâne ouvert et quelques secondes après, il ne respirait plus. Emilia était tétanisée. Elle ne savait pas quoi faire. Elle reprit ses esprits, trouva le téléphone de Manu, qui était sur le sol et le déverrouilla avec l’aide de l’empreinte digitale du corps puis envoya des messages à ses collègues pour ne pas éveiller de soupçons. Puis elle démarra le bateau — car évidemment elle savait conduire un bateau —. Elle était allée à l’autre bout de l’île, avait cogité des heures et des heures avant de jeter le corps inanimé à l’eau, sous la vue de deux jeunes filles sur le rivage. Emilia était persuadée qu’elles ne l’avaient pas vu. Elle repartit avec le bateau. Elle le nettoya comme elle pouvait, en pleurant. Elle voulait faire partir toutes les tâches de sang sur le sol en oubliant sa propre blessure. En oubliant sa tâche sur le placard… Elle remit ensuite le bateau dans le port dans la nuit, pour être discrète, puis elle renvoya des messages assez souvent du téléphone de Manu pour mentir à ses proches en inventant une maladie, jusqu’au 12 décembre, soit la veille de la découverte du corps. Puis elle détruisit le téléphone. Et resta cloitrer chez elle, de peur et d’angoisse, d’avoir commis un meurtre…
L’inspecteur Payet ne la croyait pas, il s’énervait contre elle. Et pourtant Magalie, elle, la croyait de suite. Tout coïncidait parfaitement. En faisant leur recherches sur Manu, ils trouvèrent qu’il avait eu des antécédent de plaintes de violences conjugales de la part de son ex-femme. Cela expliquerait sa violence lors du crime commis. Les deux jeunes filles avouèrent quand à elles qu’elles avaient vu le corps être balancé à l’eau mais qu’elles avaient pris peur, et la fille qui avait été à nouveau sur les lieux le lendemain de la découverte du corps, voulait récupérer un bracelet qu’elle avait fait tomber lorsqu’elles y étaient et elle ne voulait pas être complice de l’affaire donc elle avait voulu retrouver ce bijou.
L’histoire se finit donc bien, malgré quelques doutes encore présents, Emilia est condamné pour meurtre et ils décideront s’il est volontaire ou non. Le procès a lieu dans une semaine.
Pendant que l’inspecteur Payet prenait son repas en rigolant et en s’exclamant sur les détails de l’affaire, il reçut un appel.
— Allô oui.
— Monsieur Payet? Je vous appelle pour vous faire part d’un nouveau dossier qui pourrait vous intéresser.
— Dites moi. Pas encore un meurtre hein !
— Non, c’est le directeur de Baleinona… Il a été enlevé ce matin.
Quand ils arrivèrent sur les lieux, la stagiaire ambigu avait terminé son stage, et pire, on découvrait qu’elle avait quitté l’île.